
La superstition du mauvais oeil existe ou a existé chez presque tous les peuples.
Dans l’Hindoustan, les européens appellent » toqueillade « , ce privilège prétendu qu’ont certains Indiens d’affecter de leurs regards les objets qu’ils fixent, et de déterminer ces objets à se modifier à leur gré. Mais chacun de ces demi-sorciers n’atteint pas tous les objets indifféremment avec sa vue. Les uns, par exemple tuent les poules en les regardant, d’autres rendent les gens malades, d’autres mettent telle ou telle passion en mouvement, inspirent subitement la colère, ou la jalousie, la joie ou la tristesse, enfin, il y en a, dit-on, qui, d’un seul coup d’oeil, renversent les arbres et les maisons.
A ce sujet on rappelle qu’un missionnaire était occupé à faire abattre une vieille église afin d’en construire une nouvelle. Un pan de mur résistait aux ouvriers indiens.
L’un deux se prit à dire au missionnaire : » Mon père, si un tel était ici nous n’aurions pas tant de fatigue, il a la toqueillade, les murs s’écrouleraient d’un seul de ses regards « .
Le Père sourit et demanda qu’on envoie chercher l’homme, dans l’espoir de guérir les ouvriers de leur crédulité. L’homme arrive, regarde fixement la muraille et elle tombe à l’instant dans un affreux fracas. Il est probable que les ouvriers avaient été plus fins que le missionnaire.
7 octobre 1939