Au début des premières crises, je me souviens de ce bracelet brésilien que je tenais fermement serré entre mes doigts. Il est coutume en cas de naufrage de s’accrocher à une bouée de sauvetage, moi, je m’accrochais de façon pathétique à quelques fibres de coton colorées. Le bracelet brésilien chamarré est un souvenir de notre rencontre, la plus belle et la plus douce chose qui me soit arrivée depuis que la pénombre est tombée sur notre famille. Il est tout naturellement devenu pour moi le symbole de l’espoir. J’avais besoin de quelque chose de matériel, de bien réel que je puisse voir, toucher lorsque tu es loin de moi et que je ne crois plus en rien. Une preuve concrète que tu n’es pas un rêve, que tout espoir n’est pas mort.
Je plaçais dans mes doigts frêles les fibres de coton tressées lorsque j’avais peur, lorsque je sentais le contrôle m’échapper, l’angoisse me gangrener. Il me fallait les tenir très fort au creux de ma main. Rien de vraiment horrible ne pourrait alors m’arriver puisque j’avais sur moi de l’espoir en coton. Bien sûr, les choses évoluèrent assez rapidement et j’allais bientôt jusqu’à ne plus m’en séparer sans pour autant ressentir le moindre apaisement. L’angoisse avait eu raison de mon petit subterfuge. On ne la résout pas par des tours de passe-passe et ma pseudo superstition n’était plus de taille.
Le coton ne suffit plus. La seule et unique chose qui m’apaise aujourd’hui c’est ta peau. La vie est une torture sitôt que tu n’es plus sous mes doigts. Je ne saurais trop expliquer pourquoi ni comment on en est arrivé là. Cette dépendance à ton corps. Cet amour débordant que j’éprouve pour toi et dont je ne sais parfois plus que faire tant je crains qu’il nous noie.
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