Serge Granjon – L’histoire du tramway stéphanois


 » 4 décembre 1881, Un tramway pour tous « 
Au classement des trams installés en France, Saint-Etienne s’était largement fait devancer. La ville compensa ses longs atermoiements par le choix immédiat de la traction mécanique, quand les chevaux restaient souvent de règle.

Peu importait, après tout, que le préfet s’appelât Thomson. Mais ce nom qui tintait comme un écho de l’Amérique faillit bien rappeler la guerre de sécession, certes d’un nouveau genre. Par arrêté du 3 décembre 1881, le préfet autorisait la CFVE « à faire fonctionner des trains de voyageurs dans l’intérieur de la ville, d’abord de Bellevue à la place de Marengo…sauf à compléter ultérieurement la circulation jusqu’à la Terrasse ». C’était pour le coup, devançant les « Nordistes », aux Sudistes « de la ville que revenait l’avantage. Autant en emportait la vapeur…

Le préfet, pourtant, assistait en personne au voyage d’essai définitif, sur la ligne entière, quelques jours plus tôt. Le 29 novembre 1881, le train composé de deux voitures remorquées par une locomotive, ne rencontra pas d’autres obstacles que les encombrements dus au mauvais vouloir des voituriers. Malgré tout, les essais se multiplièrent le lendemain et les jours suivants, jusqu’à l’inauguration du tronçon Bellevue-Hôtel de ville, arrêtée au dimanche 4 décembre.

Une affiche annonçait le service, encore provisoire à l’origine :

1er départ de Bellevue : 6h30 du matin, ensuite toutes les trente minutes, un départ, jusqu’à 8h du soir, clôture du service.

1er départ de l’Hôtel de Ville : 7h du matin – ensuite toutes les trente minutes, un départ, jusqu’çà 8h30 du soir, clôture du service.

Selon l’accord récent entre la municipalité et la CFVE, le prix des places était fixé à 10 centimes, à l’exception de tarifs encore plus favorables : sous-officiers et soldats en uniforme étaient voiturés à moitié prix, ainsi que pour les enfants de 4 à 7 ans. Ceux au-dessous de 4 ans, tenus sur les genoux, étaient transportés gratuitement. Les abonnements mensuels et trimestriels, décidés dès l’origine, facilitaient les déplacements du travail au domicile. La CFVE, qui créait le tramway pour tous devait le rentabiliser.

UNE INNOVATION : L’ARRET FIXE

Dans les autres villes, les convois s’arrêtaient à la demande. Mais la CFVE, pour augmenter la cadence du trafic, établit les arrêts fixes. Il n’était possible de monter ou de descendre qu’aux points d’arrêt indiqués par les plaques « Arrêts du tramway « : Bellevue, Avenue de la Gare , Prison départementale, Chalet Bizillon, Caserne, rue de la Vapeur, place de la Badouillère, rue des Creuses, place Saint-Louis, place du Peuple, Hôtel de ville, place Marengo.

Le dimanche 4 décembre 1881, le tronçon Bellevue-Marengo fut ouvert au public, « au milieu d’un empressement extraordinaire «, rapporta la presse. Deux voitures et puis trois, composant chaque train, se révélèrent vite insuffisants. Le 11 décembre, ce fut la neige qui perturba l’ouverture de la Partie Marengo- La Terrasse.

Mais rien ne ralentit l’enthousiasme populaire :

« notroum Santziève e mieu mounta

Que la plus grand villa

Notrâ vapeu na pas rata

E marche bion tranquila «

clamait un chansonnier.

Transmuter ses fumées en des bouffées d’orgueil : c’était toute l’alchimie du tram…

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