Almanach Vermot 1922 -Le centenaire de la mort de Napoléon (5 mai 1922)

Le 5 mai 1921 a été commémoré officiellement le centenaire de la mort de Napoléon.

  » On parlera de sa gloire, sous le chaume bien longtemps « 

Le chansonnier a été prophète. Un siècle a passé depuis qu’à Sainte-Hélène le vainqueur de Iena s’est endormi de son dernier sommeil, et sa mémoire est plus vivante que jamais et son nom est sur toutes les lèvres. Non seulement en France, comme l’a écrit M. Raymond Poincaré  » Chacun s’incline devant la mort, le génie et la gloire « , mais, dans les villes de Rhénanie comme sur les rives de la Tamise il a été commémoré ainsi qu’en 1912 il le fut à Moscou par les vaincus de Borodino.

 » Cent ans après sa mort, Napoléon émeut encore les cœurs et enflamme, d’un bout à l’autre du monde, les imaginations. Seule la raison le juge. Elle discute ses conquêtes, mais elle salue son génie fait de science et d’inspiration, de calcul et d’audace, de ténacité et de souplesse.  » ce Jugement, formulé par M. Barthou à l’occasion du centenaire de la mort de Napoléon, est celui de notre génération.

L’amour passionné de la France et de ses fils n’est pas niable chez le chef d’État qui formula ce vœu admirable :   » je veux que le titre de Français soit le plus beau, le plus désirable sur la terre, que tout Français  voyageant en Europe se croie, se trouve toujours chez lui. « 

Pour la France il combattait par les armes. Pour la France il se fit législateur. On peut élever une protestation contre ses guerres perpétuelles et coûteuses : qui oserait affirmer qu’elles ne lui furent point imposées dans le temps même ou il désirait la paix davantage ?

Au témoignage de Las-cases, il aurait, le 1er mai 1876, prononcé sa propre apologie en des termes qui valent d’être rapportés :

 » Après tout, ils auront beau retrancher, supprimer, mutiler, il leur sera bien difficile de me faire disparaître tout à fait. Un historien français sera pourtant bien obligé d’aborder l’Empire, et, s’il a du cœur, il faudra bien qu’il me restitue quelque chose, qu’il me fasse ma part, et sa tâche sera aisée, car les faits brillent, ils brillent comme le soleil.

 » j’ai refermé le gouffre anarchique et débrouillé le chaos. j’ai désouillé la Révolution, ennobli les peuples et raffermi les rois. J’ai excité toutes les humiliations, récompensé tous les mérites et reculé les limites de la gloire. Tout cela est bien quelque chose ! Et puis sur quoi pourrait-on m’attaquer qu’un historien ne puisse me défendre ? Seraient-ce mes intentions ? Mais il est au fond pour m’absoudre. Mon despotisme ? Mais il démontrera que la dictature était de haute nécessité. Dira-t-on que j’ai gêné la liberté ? Mais il prouvera que la licence, l’anarchie, les grands désordres étaient encore au seuil de la porte !  M’accusera-t-on d’avoir trop aimé la guerre ?

Mais il montrera que j’ai toujours été attaqué ; d’avoir voulu la monarchie universelle  ? Mais il fera voir qu’elle ne fut que l’œuvre fortuite des circonstances, que ce furent nos ennemis eux-mêmes qui m’y conduisirent pas à pas ; enfin, serait-ce mon ambition ? Ah ! sans doute il m’en trouvera et même beaucoup ! Mais de la plus grande et de la plus haute qui fût peut-être jamais ! Celle d’établir, de consacrer, enfin l’empire de la raison et le plein exercice, l’entière jouissance de toutes les facultés humaines ! Et, ici, l’historien peut-être se trouvera réduit à devoir regretter qu’une telle ambition n’ait pas été accomplie, satisfaite !…

En bien peu, voici toute mon histoire. « 

( paroles rapportées par Las Cases le 1er mai 1816 )

Le tombeau de Napoléon aux Invalides

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