La lettre est arrivée, lettre ouverte, lettre A, arrimée à la page
Lettre sage attendue et relue, attelage qui cahote sur la piste des mots.
Poussière du sens en cailloux de silex, silence des sexes, patient appel
Où comprendre apprivoise l’angoisse quand l’art est riche
Des urgences sereines comme des phrases roulant les R
En phases sobres aux orbites abruptes à décrypter les versets
Que l’enveloppe déverse, révéler les stigmates et grimer l’abandon
En oubli de la main écrivant les larmes qui le lisent
Lames de fond glacées et mesurées fondues à même l’arrogance
Blanche banquise tel un gage du souvenir de nos étés
Des timbres oblitérés du sourire d’un postier
Où la missive avive les douleurs oubliées
Dissimulées dans les lettres sournoises dans leur jeu de torture
Mentale et apeurée, un cachet qui se brise, une plume noircie
Le message affiché se déplie dans l’espace rien ne se peut toucher
Mais nul mot n’est entier disons plutôt hanté par celui qui le lit
Livré à son envie un livre qui est lié à l’attache d’un lit
Des rivières anciennes d’un autre qui lui parle, de lettres sur le papier
Présence apprivoisée, parole émancipée au verbe aimant à l’aisance citée
Où les anses du panier qui regorge de mots où puiser
Pour l’épuisant complot de creuser jusqu’à l’essence de l’être
Par de là l’origine, là où l’or de la langue dans un filon
De la veine d’un poète orpailleur à distiller les syllabes
Un sens nouveau y nait comme la vie fantaisie
, un bal masqué de bonheurs et de deuils
Ouverts au seuil des demeures historiques du langage
Terreau de nos terreurs dont les ternes erreurs
Labourent la ferveur où errent à contresens
Nos vies à sens unique, unique est notre vie
Comme une lettre ouverte, où l’intime se dit
Un reflet d’infini, une marche au sublime