D’où que vienne la barbarie, elle ne porte que son nom. Joelle Petillot

D’où que vienne la barbarie, elle ne porte que son nom.
Regarde-moi, parce que regarder, c’est vouloir.
J’emporte avec moi le chant des rivières, le poids du soleil sur un désert, l’enfance qui combat pour le pain, pour l’eau. La peur des hommes alourdis d’un fusil, les cris râclant la peau, les yeux du bétail, les plantes sèches, la terre craquelée qui ne disent que la faim.
J’emporte avec moi une mère qui pleure, un père parti d’abord, dont on ne sait rien depuis trop de temps.
J’emporte avec moi les hurlements des autres, leur histoire, leur silence, la mer vampire aux vagues crocs. Tous ne sont pas moi, mais la terre commune se nomme absence.
J’emporte avec moi leur singulier pluriel.
Je porte autant que j’emporte. Je cache, aussi ; un sourire qui dit la lumière du monde peut contenir tous les morts.
Parle moi du monde quand il respire. J’attends ce temps de paix où mon ventre sera plein, et qu’on me racontera une histoire sans couteau.

dessin Joëlle Pétillot


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