Destins de femme : Marie-Madeleine Dreux d’Aubray marquise de Brinvilliers, une empoisonneuse a la cour du roi soleil

La marquise de Brinvilliers – 1630-1676

L’histoire de France regorgent de femmes aux destins tragiques…Nombres d’entre-elles furent, par exemple, accusées de sorcellerie, souvent à tord, et moururent sous la torture, brulées ou noyées…D’autres furent, a l’instar de la marquise de Brinvilliers, d’impitoyables tueuses.

Marie-Madeleine Dreux d’Aubray marquise de Brinvilliers, une empoisonneuse dont les actes criminels secouèrent la cour de Roi soleil car ils impliquaient une partie de la noblesse et créèrent un climat d’hystérie, de « chasse aux sorcières » et aux empoisonneuses qui conduisit plusieurs personnes en prison et au bannissement. Son exécution par décapitation le 17 juillet 1676 en grève marque le début de la terrible et tristement célèbre affaire des poisons qui se déroula entre 1676 et 1682, et qui mit en cause essentiellement des femmes de la haute noblesse française ( Madame de Vivonne, Madame de Montespan, Madame de La Mothe, la comtesse de Soissons, la comtesse du Roure, la comtesse de Polignac…). Marie-Madeleine Dreux d’Aubray marquise de Brinvilliers reste dans l’histoire comme l’une des plus terrible tueuses en série françaises.

Marie-Madeleine Dreux d’Aubray marquise de Brinvilliers après son arrestation

Marie-Madeleine nait à Paris en 1630 elle et fille de Dreux d’Aubray, lieutenant civil de Paris. Issue d’une famille riche, noble et bien connue, elle était décrite comme jolie avec un air d’innocence enfantine. Cependant cette innocence cacherait selon certaines informations des faits d’abus sexuels dès l’âge sept ans. Elle aurait eu par ailleurs une relation incestueuse avec l’un de ses frères lorsqu’elle avait dix ans.

Elle épouse Antoine-Gobelin marquis de Brinvilliers à l’âge de 21 ans. Bien que sa dot ne soit pas négligeable et que son mari, commandant d’un régiment, soit bien aisé financièrement, la jeune marquise est bientôt sans argent : son époux étant un joueur invétéré et il est bientôt endetté et la marquise sans le sou, ce qu’elle supporte fort mal !

Coté union, elle est plutôt libre : en effet les deux époux collectionnent les liaisons mais ce n’est que lorsque Marie est présentée à Jean Baptiste Godin de Sainte-Croix que les choses s’accélèrent. La marquise expose sa liaison au grand jour (son mari lui a fui a l’étranger pour échapper à ses créanciers), n’hésitant à dépenser l’argent de la famille pour entretenir son amant mais aussi leur style de vie fort dispendieux. Face au scandale provoqué par sa fille Dreux d’Aubray en réfère au roi qui fait embastiller Jean Baptiste Godin de Sainte-Croix pour un an.

Et c’est ici que l’histoire commence… Le compagnon de cellule de Sainte-Croix se trouveêtre un certain Exili, empoisonneur italien de son état et qui partage avec Sainte-Croix son gout et ses connaissances sur les poisons. A sa libération, Sainte-Croix retrouve la marquise de Brinvilliers et ensemble ils complotent pour se débarrasser par le poison, non seulement du père de Marie, mais de toute la famille afin d’en capter l’héritage.

Marie-Madeleine a trouvé les moyens et les ustensiles nécessaires pour créer un petit laboratoire dans lequel avec son amant elle expérimente différentes sortes de poisons. Afin de s’assurer de leur efficacité la marquise teste les mélanges sur sa servante et sur des malades lors de plusieurs visites à l’Hôtel-Dieu, un hôpital pour les pauvres et les nécessiteux faisant plus de cinquante victimes. Le poison, à base d’arsenic était réputé avoir été inventé par Giuila Tofana, une célèbre empoisonneuse italienne, poison connue sous le nom d’Acqua Tofana.

Durant huit mois, Marie restera avec son père dans sa propriété, cuisinant pour lui et agissant comme une fille aimante mais tout en lui administrant de petites doses de poison, pour que cela reste indécelable le jour venu et, à la mort de Dreux d’Aubray en septembre 1666, la cause du décès sera enregistrée comme naturelle et aucune autopsie ne sera pratiquée.

Cependant, Il lui faut encore partager cet héritage avec ses deux frères et sa soeur et tout naturellement la seconde étape est désormais prévisible : se débarrasser du reste de la famille. Malheureusement cet appât meurtrier va provoquer sa chute.

En effet, pour se faire elle engage un jeune homme, surnommé La Chausée, et le place dans la maison de son jeune frère, et le paye grassement pour qu’il continue son travail. Ainsi ses deux frères seront empoisonnés par La Chausée, le premier meurt le 17 juillet 1670 et le second trois semaines plus tard. Même si des traces d’arsenic sont retrouvées lors des autopsies, Marie n’était pas suspecte car elle se trouvait à Paris au moment de leur décès ce qui constituait un parfait alibi. Suspicieuse, la soeur restante fait tester toute sa nourriture afin de s’assurer qu’elle n’est pas empoissonnée.

De son côté Sainte-Croix, qui n’a pas encore bénéficié de l’héritage de Marie et ruiné financièrement, tient un journal détaillé des exploits de Marie, de ses lettres d’amour, de deux billets à ordre de sa part et du dernier clou ironique de son cercueil et des fioles de poison utilisées pour assassiner le père et les frères Dreux d’Aubray. Il place toutes ses preuves dans une boîte avec la note suivante. « A ouvrir en cas de décès antérieur à celui de Madame de Brinvilliers. » C’est dire la confiance qu’il portait à sa maitresse.

La mort soudaine de Sainte-Croix, il se serait empoisonné alors qu’il testait des gaz toxiques dont il aurait inhalé les vapeurs par accident, c’est ainsi qu’après son décès et la boîte incriminante sera ouverte et les crimes de la marquise mis à jour. La Chausée, fut bientôt arrêté et avoue sous la torture était l’homme de main de marie, avant d’être condamné à mort.

Mais Marie-Madeleine Marguerite d’Aubray, marquise de Brinvilliers, est déjà loin elle a fui en Angleterre puis aux Pays-Bas pour tenter d’éviter l’extradition, mais finalement arrêtée elle est renvoyée à Paris pour y être jugée le 29 avril 1676. Après avoir été torturée, le 17 juillet 1676, elle est exécutée place de Grève (aujourd’hui place de l’Hôtel de Ville). Décapitée son corps est jeté sur un bûcher et ses restes jetés dans la Seine. Selon les témoins de l’époque Marie, vêtue uniquement d’une chemise et d’une cagoule, face une foule immense et haineuse, grimpe sur l’échafaud avec beaucoup de dignité et de courage.

la Voisin

Cependant, la mort de Madame de Brinvillier ne marque pas du tout la fin des scandales liés au poison. Bien au contraire, elle signe le début du plus grand scandale du règne de Louis XIV qui va mettre en cause des membres éminents de l’aristocratie. Le procès et de l’exécution de Madame de Brinvillier porte la suspicion sur toute la noblesse et d’autres décès étranges survenus récemment sont alors examinés et des rumeurs d’empoisonnement se répandent comme une traînée de poudre. Le roi lui-même s’en inquiéte au point de faire gouter sa nourriture par ses serviteurs. En 1679, Catherine Deshayes, femme Monvoisin, dite la Voisin soupçonnée de sorcellerie, est arrêtée le 12 mars ainsi que plusieurs de ses complices. Les enquêteurs se rendent compte alors qu’il se trouvent face à un véritable réseau d’empoisonneurs dans la capitale parmi lesquels de hauts personnages de la cour royale. Le lieutenant de police Nicolas de La Reynie, établit une cour d’exception spécialement chargée d’instruire et de juger cette affaire : La Chambre ardente qui auditionne 442 accusés et ordonne 367 arrestations, dont 218 sont maintenues. Le noms de nobles de la cour sont évoqués. La marquise de Montespan, favorite du Roi, elle-même, est citée par la Voisin comme achetant des aphrodisiaques et se livrant à la magie noire ; mais faute de preuves tangibles (et surtout le roi interdisant qu’on s’en prenne a sa maitresse), la majorité des hauts personnages de la Cour sont innocentés. Aux plus compromis, le Roi conseille l’exil volontaire. La Voisin est brûlée vive le 22 février 1680 devant une foule hystérique !

Sources – Wikipédia – Britannica – Hérodote -bonjourparis.com – Louvre-lens( affaire des poissons ) et d’autres bio du net

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