Jo Cassen – Le cri (prose poétique)

Le cri,
Le cri de Munch, et tous les autres cris, les cris silencieux du
peuple qui se respecte, les cris des terroristes de la liberté qui
crachent au visage leur indigence morne, les cris de celles et ceux
qui assassinent l’espoir, l’espoir d’un autre monde, l’espoir d’un
autre devenir, les cris que vous n’entendez pas, oui, tous ces cris
qui hurlent dans ma tête, ces cris de la détresse, ces cris de violence
et ces cris de l’envie !
Oui, je les ai perçus et depuis très longtemps.
Oui, je l’ai ressentie cette misère noire, et la faim et le froid, la
soupe au lait quotidienne pour unique repas, le coucher sur le sol,
un tapis pour matelas, et ces fringues données par moins pauvre
que moi ;
Oui, j’ai voulu le lancer ce cri, sourd, aveugle, ce cri que l’on tait
de honte de paraître… de laisser transparaître l’ombre du désarroi.
Et souvent, souvent je me suis retenu, j’ai suspendu l’écho.
Un autre, un autre ailleurs, un autre a besoin de moi, de mon bras,
de ma force, un autre, celui-là même qui un jour m’avait tendu la
main, ou refusée peut-être…
J’ai pleuré, j’ai pleuré, puis j’ai ri, je me suis résolu, fermement,
sans complexe d’avancer et de dire : « Non, je ne casserai pas. »
« Non, je ne crierai plus !
J’ai entendu le cri.

Recueil inédit « Un Bonjour de Gris Nez »

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