Pascal Depresle – Monsieur le commissaire

Le commissaire Lapipe, qui n’en faisait guère depuis longtemps, mais donnait des conseils à tout bout de champ, décida de mener l’enquête.
Ayant un avis sur tout, mais surtout des avis, il se mit à interroger
le moins témoin du lot.
-Vous ne les couchez pas la nuit ?
-Commissaire, il est 17h00
-Je voulais dire dans un endroit fermé
-Tous les jours, mais pourquoi cette question ?
-Parce que tout le monde se la pose
-Quel rapport ?
-Aucun, mais ils ont la réponse
-Et vous, en cherchez-vous des réponses ?
-Vous me posez des questions en ce sens ?
-Commissaire, je n’ai pas à vous poser de questions
-Moi si. Que pensez-vous des mustélidés ?
-Rien, commissaire, rien
-Pourtant il me semble …
-Il vous semble mal, commissaire.
-Et les canidés ?
-Rien non plus, Commissaire, je peux vous demander quelque chose ?
-C’est ce que vous faites.
-Alors c’est oui ou non ?
-Je vous écoute
-N’auriez-vous pas un lien de parenté avec un docteur que j’interroge parfois ?
-Allez savoir
-Mais c’est plutôt oui, ou plutôt non ?
-Allez savoir
-Seriez-vous normand, commissaire ?
-Athée me suffira
-Jetons alors un voile sur cette conversation
-Un voile à la mode mon ami ? Qui se soucie de son port sur les plages naturistes ?
-Pas moi
-Moi non plus. Revenons à nos moutons.
-Ne sont-ce pas des poules ?
-Vous en parlez au présent
-Pardon commissaire
-Disons des gallinacés raidissant
-C’est un massacre, commissaire
-Tout dépend de notre point de comparaison
-J’étais dans l’absolu
-Moi dans la marine
-Commissaire !!!
-Pardon. Des indices. Oui, Plume, grillage forcé, oies survoltées qui l’ont sans doute poussée à tuer tous azimuts par peur ….
-Vous écrivez au féminin. Vous pensez que c’est une ?
-Sans doute, sans doute.
-Des pistes, commissaire ?
-Vous ne croyez toujours pas au canidés ?
-Aux sauvages roux qui détruisent mes passions, si, commissaire
-Parce ce que le gallinacé est une passion
-Vous en doutiez ?
-Non, je vérifiais. A la vérité, je vois quelque animal plus petit.
-Qui ferait huit victimes éparses sur le même hectare ?
-Peut-être est-il dopé ? Ou vacciné.
-Commissaire !
-Pardon, Un carnivore plus petit.
-De quel genre ?
-Une pie sous lexomil.
-Allons !
-Des lombrics mutants
-Commissaire !!!
-Alors des mulots-garous des Combrailles.
-Commissaire, vous vous moquez de moi
-Je n’étais pas le seul
-Hélas, la compassion n’est plus guère de ce monde
-Le pensiez-vous avant ?
-Non
-Alors où est le problème ?
-Mais l’assassin !
-Un œuf de Fabergé qui sera déclaré irresponsable. Sans nul doute.
-C’est vraiment n’importe quoi
-Vous connaissez la blague du commissaire, mon ami ?
-Pas plus que l’auteur du carnage, même si c’est une autrice
-Alors je vais vous la raconter. Tu mets ton doigt dans mon cul, et tu verras comme il sert.
-Commissaire, c’est vraiment de la merde votre truc
-Je me mettais à l’unisson de ce que vous avez pu lire sous vos photos
-Vous le faites à merveille. Et pour mon assassin, commissaire ?
-Vous connaissez le Petit Prince
-Bien sur commissaire
-Le petit garçon n’y est pour rien
-Vous voulez dire que …..
-Et la couleur du blé, mon ami, la couleur du blé
-Ce serait …
-C’est. Mais n’en parlez pas. Les gens ne sont pas prêts qui en voient les petits en photos sur les calendriers des Postes.
-Mais tous mes amis à plumes déchiquetés ?
-Ils diront que c’est la nature. Même si le tramway passe devant leur porte.
-C’est nul, commissaire.
-Et non avenue, puisqu’il n’y a qu’une route chez vous. Au mieux on lui donnera un travail d’inintérêt général.
-Mais alors que puis-je faire, commissaire ?
-Tout, du moment que vous n’en faites pas état. Ni de votre peine, ni de vos vengeances.
-Alors je peux donc …
-A vous de voir
-Parce que vous ne me verrez pas ?
-Non. Chacun fait avec sa conscience. Pour ma part je vous laisse avec vous
-Et mon miroir ?
-Oui
-Mais pourquoi ?
-Parce que lui seul peut vous renvoyer la vérité.

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