Nicolas Gouzy – Bruine de printemps


Du bout de ses doigts blancs la brume tente d’effeuiller le fouet de mes peupliers. Du bout de mes doigts blancs ma plume tente de rassembler les brumes de ma pensée. J’aime ses écharpes longues accrochées aux vallons. J’aime la brume paresseuse qui dure et celle légère qu’une brise efface. J’en aime les rimes lentes et celles courtes qui s’enfuient. Le ciel blanc et bas où la buse se perd. Le ciel juste là ; soudain une bruine timide qui s’excuse presque de remplacer la rosée du matin ; la magnifique odeur de l’herbe coupée, des premières fleurs fanées, du thym foulé. La campagne assourdie, comme à la neige tombée, l’angélus étouffé, mes mots alanguis, mes mots ralentis comme si ce ciel raccourci me laissait indécis. Je dirais qu’il fait tendre, c’est une manière d’être. J’écrirais que le grand ciel bleu et son soleil immense peuvent ainsi se faire attendre ; c’est une façon polie de débuter le jour par un baiser de brume et quelques gouttes de rimes. C’est une façon jolie de commencer le jour par quelques mots d’amour.

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