Comment faut-il faire pour raviver une colombe ?
Perdue dans la nébuleuse de sa tribu, elle ne voit plus le sol, la multitude l’enveloppe,
la serre, jusqu’à l’étouffer ;
Warhol a décuplé à l’infini la colombe de Cocteau.
Elle, elle est singulière, la foule l’angoisse,
alors
dans sa frayeur
sur une branche, elle se laisse tomber ,
molle comme par Dali dessinée.
Tu la prends doucement très doucement dans tes mains,
comme un ballon qui se dégonfle, tu écoutes son souffle,
tout mince il ondule et module quelques : « donne-moi le calme ! »
Comment faut-il faire pour raviver le calme ?
Prends ton crayon et dessine le vent,
la nuée se posera sur la terre mouillée
sur les toits, sur les fils, sur les branches.
Prends alors des pinces de philatéliste : décolle quelques-unes des colombes posées
et délicatement remets les dans le chapeau de Picasso.
Déjà la foule s’éclaircit, et le son a baissé,
la colombe angoissée reprend un peu son souffle.
Maintenant il faut de la lumière et de l’espace clair pour voler
alors prends ta gomme
fais comme Prévert et les barreaux de la cage
pour dégager le ciel, efface un à un les nuages,
peu à peu la clarté se répand.
Une brume de soleil vient réchauffer l‘oiseau blanc,
au-dessus de lui une légère brise le pousse à s’envoler,
mais voilà le souvenir de la nuée l’incite plutôt à rester.
Alors comment raviver sa liberté ?
Comme le Petit Prince au renard, il suffit de parler, de chuchoter doucement,
de la rassurer.
Lui dire les mots tendres et les horizons dégagés :
prendre son pinceau,
peindre un arc en ciel ,
esquisser son image juste après l’envol
pour aller se percher sur le bleu, le rouge , le jaune ou le violet.
Lui dire que pour le monde, ses ailes, avec légèreté,
portent un message de tolérance et de liberté.
Et puis, oiseau tant aimé, tu peux t’arrêter quand tu veux,
laisser passer l’orage et apporter l’été,
l’important c’est que tu voles libre dans les cieux,
et qu’en te voyant le tumulte s’apaise.
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