Au pied du tilleul millénaire qui magnifiait ce lieu, Camille creusa un trou puis enterra la cage. En profondeur. Suffisamment loin pour que les battements d’un cœur mis sous clef ne soient plus perceptibles.
Voilà, c’était fait… Une grande partie d’elle-même était ensevelie, au chaud, sous terre, à l’abri des courants d’air glacés figeant tous ses espoirs. Enfin hors de portée de l’indifférence qui la blessait sans cesse.
Hors d’atteinte…
Désormais, ses fêlures, ses envies, ses angoisses, ses amours resteraient souterraines, secrètes, entrelacées aux racines d’un vieux tilleul qui pencherait d’émotion. La terre, devenue complice de ce trésor caché, serait le sarcophage de son for intérieur. Le berceau de l’abandon de soi. Camille repartit, étrangère à elle-même…
Elle se sentait plus légère, délestée de ses poids. Elle ne portait à présent plus qu’une petite clef autour du cou. A ceux qui demandaient quelle était cette clef, ce qu’elle ouvrait, Camille répondait : « c’est la clef de la cage où je suis enfermée ». Tous détournaient les yeux, gênés, comme si elle eut été folle, et faisaient mine de ne pas avoir entendu.
Extrait de « La cage » nouvelle issue du recueil « Wuthering Ent » en commande via ce lien : http://editions-mutine.over-blog.com/article-wuthering…