
Notre Ami Grady Mudigho, jeune poète et chroniqueur Congolais (média Ouragan.cd) a récemment été récompensé pour l’ensemble de ses poèmes dans le cadre du concours « Europoésie 2022 » consacré à la protection de l’enfance (UNicef). Malheureusement dans impossibilité de pouvoir se rendre en France pour recevoir son prix, c’est un autre poète du Dix Vins Blog, notre ami Olivier Lechat qui a accepté de grand cœur à se rendre au nom de Grady récupérer ce prix poétique prestigieux, et envisage même de se rendre en RDC en fin d’année afin de le lui remettre personnellement.

Olivier a pris quelques photos de la cérémonie que je vous joins afin de vous faire participer à cet événement qui nous touche tous Grady faisant partie de la grande famille des poètes du Blog et nombre d’entre nous apprécient son talent, son charisme, son humanité. Bravo Grady et à l’année prochaine pour un autre prix !









Mwanza kongolo wani
Au milieu de la poussière éructant la malédiction
Au milieu du temps qui avortait sa musique à brûler Comme le roulement de tambour au gré d’une chaleur enivrante
Avortait une fumée aussi noire qu’une braise
Avortait des pierres accablantes
Tu as coulé, jambes jointes, yeux à l’envers de la vitre…
Pas comme ces sales rivières opiniâtres
Pas comme ces petits fleuves d’Afrique
Qui dorment à longueur de journées
Alors qu’ils abritent des étoiles étouffées la nuit
Par les mains assoiffés du pouvoir
Mais comme l’épilepsie, oui, l’épilepsie, mon père
Tu n’as pas voulu entendre l’appel, Hilaire
Avec ses pierres accablantes
Avec ses murmures avilissants
Avec ses falaises rouges
Avec ses chansons de la version aboutie
Avec ses rires épidermiques
Tu as voulu égratigner le dos du soleil
Pas pour te consumer ni jouer à la Belmondo
Mais pour qu’il t’offre un poignard
Une machette
Un kalachnikov, même rouillé
Peu importe
Même emprunté chez les rebelles du Congo
Qui ne cessent de trouver du coltan, du cuivre
Dans le bas ventre des femmes de l’Est
Que tu empoignes le ventre sans fond de l’appel
Crachotant le faîte de la résignation
En arborant le Ngwaki *
Crachotant la condamnation
Au bout d’une flèche empoisonnée
Juste pour vivre un peu
Et au milieu de ce grand tremblement tu as dit :
« les péchés sont blancs comme la neige, mwana.
Alors bois, danse, mon ami »
Comme l’image de l’embouchure du fleuve Congo
Pieds joints, yeux révulsés, mains en alerte
L’océan t’a tendu l’arête tranchante du néant
Tu as bu l’eau, aussi amère que Congo bololo
Sans ouvrir la bouche
Sans fermer les yeux
Dans l’ultime retranchement où le cœur
Bat tel un ouragan soufflant son droit à la vie
Depuis je bois, je danse comme tu m’as dit
Je traîne dans des bars de gens éreintés
Qui portent les fantômes
Je pisse dans les habits
J’embête les passants
Surtout les enfants de nouveaux riches
Je traîne une défroque derrière
Qui appelle les mouches
Les moustiques
Les enfants n’aimant pas le cocon familial
Et le soleil dort dans ma bouche
Le soleil dort dans ma bouche, Mwalimu
Mwanza nkongolo wani
Grady Mugisho