Gaby Petrucciani-Petit Âne.


Ce matin, le petit âne est mort.
Ses longues oreilles grises n’ont pas entendu mon appel.
Je l’ai trouvé, couché sur l’herbe verte, la tête entourée de pâquerettes, de fleurs jaunes, et d’un coquelicot.
Sur cette terre Corse qui l’a vu naître, Il dormait, sur le flanc. Ses grands yeux, a la douceur éternelle, ne voyaient plus ce soleil de printemps, qui le Aucune suggestion à le réchauffer, comme pour l’éveiller à un autre épisode de sa vie d’âne.
Sur sa joue, une larme s’était figée.
Petit Aliboron, que de charges tu as porté, sur tes petites pattes, pour réchauffer les hommes, ton échine courbée sous le poids des années, et ta croix sur le dos, pour nous dire ta peine.
Je te revois, tout gris, emmenant des enfants, sur ton dos amical, de ton pas nonchalant pour ne pas les effrayer, ton regard attendri sur leur admiration. Tu étais la vedette.
Que de biscuits, de pommes, ils ont partagé avec toi, l’Âne, pour te récompenser de ces moments de joie.
Tu as traversé le temps, éphémère vision de l’ami, toujours là, toujours prêt, grand et digne acteur de nombreuses familles.
Ce soir, tu reposes en ta terre de Corse, là où tu as vu le jour, qui pour toi s’est éteint ! Mais je sais que dans ta grande bonté, tu as pardonné au temps, qui jamais ne pardonne !


Adieu, Âne, mon ami !

Souvenirs enfouis dans cette tête blanche,
Que j’éveille parfois pour extirper des mots,
De l’enfant que je fus, de toutes ces pervenches,
J’aimerai, dès ce soir, en effacer les mots !

Ce petit âne gris, trottant dans les fougères,
Cerné par les couleurs, de son tendre maquis,
Allant chercher l’amour, et forcer la misère,
Aimait tant l’aventure, et devenir Marquis.

Il le fut, quelquefois, aux yeux d’une cousette
De Carabas, bien sûr, mais noble dans l’instant,
Le regard haut et fier dans les jours de disette,
Cyrano d’occasion, et sincère pourtant.

Il força des chemins oubliés par les hommes,
Sous les chênes feuillus lui caressant le dos,
Sur des fleurs qui s’offraient, en doublant leur arôme,
Et puis quelques fruits mûrs, en ultime cadeau !

Un jour il est parti, blessé par une rose,
Par le trait assassin d’un Cupidon farceur.
Et ce regard si doux qu’il portait sur le dos,
S’est éteint lentement, cerné par le malheur.

Mais quand tu parviendras au paradis des Ânes,
Où les gris et les noirs redeviennent tout blanc
Pégase tu seras, toi le Prince des Ânes,
Tu prendras le chemin de nos soleils couchants !

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