Un jour, un poème : Nicole Milhac BOMBES ET RÉPLIQUES


.
(Ils étaient encore en train de déminer les plages)
Ô Enfant de mon Âme, après les camps,
J’ai tout entendu sur Hiroshima.
Ça avait tué en moi tout espoir pour toujours
Je me souviens de ce qui n’était pas pour mes oreilles
Et personne ne se battait contre ça, enfin je croyais !
.
Quand la mémoire est née ? En août, vers 49.
Comment pouvais-je grandir après ça ?
Ils l’ont inscrit dans le sable mou
De mon cerveau et
Ils croyaient que la marée l’effacerait
Mais elle ne l’a pas fait
.
Tous les souvenirs sont restés écrits
O amis, aimez-moi assez
Pour que ce soit supportable au moins
Tant de Répliques de ceci se sont
Produites (comme dans tout Séisme)
La peur des feux d’artifice, Cet homme qui
Voulait tuer sa femme et la grise noyée
.
Ceux qui m’ont violée en groupe et
Celui qui a tenté aussi dans un chemin creux
Et aussi mon premier vrai NON
Et mon ex qui me traitait de pute
Quand je parlais vrai. Et qui ensuite
Voulait me forcer en m’étouffant
.
Mais j’ai gardé l’amour : en comptant
Mille allumettes deux semaines durant !
Hypermnésie, c’est le contraire d’amnésie
Affective de l’âme qui passe les générations
La lucidité seule fera le tri. Alors j’écris
D’autres en auront-ils le fruit ?
.
… O amis, aimez-moi assez
Pour que ce soit au moins supportable
Parce que je ne sais pas bien aimer
Je n’ai pas vraiment besoin de sexe. Les autres si
J’ai besoin d’amour profond, profond et de câlins.
Mais peut-être que l’amour sexuel n’est que ça aussi
.
Qui sauf moi, peut m’aimer assez pour
Pour me faire oublier que
Je n’étais pas responsable de
CETTE BOMBE ATOMIQUE?
.
Je le croyais pourtant
Je sais que cet écrit est fou et
Que je ne l’étais pas tout à fait
Mais mon cœur oui, depuis mes 3 ans.
Parce que j’avais écouté et compris le crime
La tache reste à jamais, dit Barbe Bleue.
.
Mon père rêvait de Madagascar
Moi je rêve de beaux baobabs
Et d’eau pour l’Afrique
Je me souviens maintenant et
Je sais que ce n’était pas ma faute
.
Nous portons tant de honte
Qui n’est même pas la nôtre dans
Dans nos sacs à dos de mémoire
Je pleure pour que les enfants soient libres
.
Guerre après-guerre, désir après désir, de possession,
Un jour le chocolat a fondu dans mon ventre,
Quand j’avais 4 ans, je l’ai mangé et j’ai été battue.
Alors j’ai menti. Depuis, j’ai toujours été une menteuse.
JE DISAIS : avoir compte moins que d’être
Ils me battaient aussi à cause de ça
.
Ô ma chair et mon âme et mon esprit
Comprenez-vous maintenant la profonde
Douleur enfouie en moi ?
L’AMOUR EST. Ils le nient et je témoigne
Tout ce que je pouvais faire était d’aimer contre les tueries, en Indochine, en Algérie, en Afrique, en Ukraine…
.
Tout ce poids et cette rage de tuer et de détruire…
Les violeurs en série, ce rire horrible, moqueur, haineux.
Mais je sais que vous aimez et protégez les plus fragiles,
Les chemineaux qui passent et les amis assis
Dans les fauteuils rouges coca cola. Je vous aime de cela.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s