
Le temps perdu ne se rattrape jamais ! C’est probablement pour cela que les hommes ont toujours cherché à le jauger, à le mesurer pour en établir la valeur et en démontrer l’importance. Et puis on dit aussi que le temps c’est de l’argent, alors n’est-il pas naturel de compter le temps utilisé, gagné ou perdu ?
Avec le cadran solaire, la clepsydre et le sablier sont les premiers instruments dont les hommes ont fait usage pour la mesure du temps.
Les anciens astronomes s’appliquèrent surtout à perfectionner la clepsydre qu’ils utilisaient pour toutes leurs observations.
Cet instrument paraît être originaire de l’Egypte. En effet le nom qu’il porte est composé de deux mots grecs qui signifient » dérober l’eau, laisser couler l’eau « .
La clepsydre consistait en un vase rempli d’eau muni d’un petit orifice par lequel l’eau s’écoulait avec un débit constant si l’on avait soin de maintenir le niveau dans le vase, ce qui pouvait être réalisé de diverses manières.
L’eau tombait dans un second vase, où son niveau s’élevait de plus en plus en passant devant des divisions qu’on avait tracées à différentes hauteurs du vase et qui représentaient les heures et les minutes.
Telle est la clepsydre perfectionnée des astronomes.
On évalue parfois les variations de niveau en posant sur l’eau du vase inférieur un flotteur muni d’une chaîne tendue par un contre-poids, et passant sur une poulie : Cette poulie portait une aiguille qui parcourait les divisions d’un cadran semblable à celui d’une horloge.
Parfois aussi, le flotteur était constitué d’une statuette tenant à la main une flèche et marquant les heures sur une colonne graduée.
Une clepsydre beaucoup plus simple, mais aussi beaucoup moins exacte, consistait en un vase de forme quelconque rempli d’eau s’écoulant avec une vitesse décroissante ; elle servait seulement à évaluer le temps nécessaire pour que le récipient fût entièrement vidé.
On l’employait à Athènes pour mesurer le temps accordé à chaque orateur. Un fonctionnaire spécial était chargé de l’inspection des clepsydres ; il annonçait la fin du discours des orateurs au moment où tombait la dernière goutte d’eau.

Le sablier, tout le monde le connaît, il est assez semblable à la clepsydre, avec cette différence que l’eau est remplacée par du sable fin.
La figure allégorique du temps tient un sablier à la main.
Les anciens portaient sur eux des sabliers qu’ils nommaient horloges. On trouve en effet ce terme dans le texte d’un auteur grec tragique nommé Batou, texte cité par Athénée. Il s’agit d’un vieil avare méfiant, obligé de quitter sa maison, qui emporte avec lui sa bouteille d’huile et la sort à chaque instant de sa poche pour la regarder, comme il ferait de son horloge.
De nos jours, les horloges sont devenues des montres qui, de perfectionnement en perfectionnement, en sont arrivées à être minuscules, véritables petits chefs- d’oeuvre de précision et de mécanique et qui, mieux encore, arrivent à fonctionner sans être remontées.
Les moindres gestes de la vie courante suffisent pour maintenir en mouvement la petite machine.
Ce n’est pas encore le mouvement perpétuel tant cherché, mais ne désespérons pas, nous l’aurons bien un jour, tout au moins nos enfants ou petits-enfants.
En attendant, l’infortuné sablier, délaissé, ne sert plus que pour les oeufs à la coque !
Grandeur et déchéance !