Almanach Vermot 1939 : Textes et Anecdotes – MANIES DE COMPOSITEURS

Pour s’inspirer, pour donner libre cours à son imagination, Gluck avait coutume de se placer au milieu d’une grande prairie. Ce fut ainsi installé, avec un piano devant lui et une bouteille de champagne sous la main, qu’il écrivit ses deux  » Iphigénie  » son  » Orphée « et plusieurs autres grandes partitions qui firent sa réputation.

Au contraire, Sarti voulait une vaste chambre à peine éclairée par une faible lampe suspendue très haut au plafond. Durant les heures les plus silencieuses de la nuit, dans la demi-obscurité, il composait ses ouvrages.

Comme beaucoup d’hommes, Mozart attendait le dernier moment pour travailler. Ses œuvres les plus magistrales furent achevées quelques minutes avant d’être exécutées en public.

C’est au milieu du tumulte et du bruit que se plaisait Cimarosa. Il aimait être entouré d’une foule d’amis quand il travaillait. Souvent il lui arriva d’écrire au cours d’une seule nuit les motifs de huit à dix airs charmants, qu’il finissait ensuite en présence de ceux qui venaient le visiter.

Pour inspirer puissamment Grêtry, il lui fallait aussi la gaieté de ses amis, ou la vue de verdoyants bosquets.

Sacchini ne pouvait écrire quelques mesures sans la présence de sa femme et si son chat, dont il raffolait, ne gambadait pas autour de lui.

Piasiello composait dans son lit. C’est entre ses draps qu’il écrivit tant de chefs-d’œuvre de grâce et de charme.

Zingarelli n’écrivait jamais, il se contentait de dicter sa musique, après avoir lu un passage des Pères de l’Eglise ou de quelque classique latin.

Solitaire et taciturne Haydn plaçait à son doigt la bague que lui avait envoyée Frédéric II et qu’il déclarait nécessaire pour exciter son imagination. Puis il se plaçait à son piano et, au bout de quelques minutes, donnait libre cours à son génie.

Complètement livré à lui-même, pendant son séjour à Eisenstein, résidence du prince Esterhazy, isolé du monde extérieur, il répétait souvent que composer constituait pour lui le bonheur suprême.

Douces manies, habitudes de grands hommes. Qui n’a ses petits travers ?

26 décembre 1939

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