Tu me dirais
le tangerine des couchers de soleil d’automne
entre les feuilles de bananier ;
comme si j’avais toujours
traversé la vie les yeux clos.
Tu me dirais
l’âcre bleuté de l’air
qui déchire les petits matins blancs,
quand les cheminées soufflent à tout rompre ;
déflorant à mon pas la virginité
des hivers.
Tu me dirais
le juteux d’une pêche plate, et le miel
bus à ta lèvre ouverte,
pour que me chatouille
le printemps;
entrouvrant la cachette
où grandir la clarté des jours sous l’auvent
des branches d’acacia.
Tu me dirais
le clapotis
des ondées qui rincent un désir,
entre deux danses
à se frôler;
et ce que j’ignore
des vertiges d’un chassé-croisé de regards,
les soirs d’été.
Tu me dirais
qu’il n’existe pas
de saison meilleure
pour mordre
à ma peau,
que les plis d’un temps
qui se tait sans jamais se rompre ;
comme je sens bon
que tu m’imagines
qu’on va
se rencontrer…
que ma main
est ton horizon.
Mot pour mot.
