Je suis un pommier en fleurs
Qui se nourrit de ses vers
Ciselés, en prose ou en chair.
Mes racines s’enfoncent sous terre
Au grand dam de la hache
Qui fauche le temps volage.
Sa lame d’acier et d’airin ne fait fléchir
Que les tiges ramollies des viles passions
Et les bourgeons avachis par les intempéries.
Je suis le pommier à vers
Qui ravale ses feuilles mortes
Dans son terreau, les féconde.
Je suis le vieux pommier des bois
Avec des cheveux blancs, sur la tête
Des rais de lumière sur la crête.
Je ressemble aux êtres
Qui ont perdu un jour
La foi, les amours de mauvais aloi,
Et continuent toutefois
À creuser dans leurs tombes
Une brèche vers la lumière.
Je suis le pommier à vers
Qui nargue le chaos
Il n’est jamais vain,
De dévoyer le non-sens.
De trouver le grain de sel qui manque
Aux vies insipides, aux vagues sans rides.
Je suis le pommier à vers
Qui peut crever une fois
Deux fois et même jusqu’à trois.
Traverser la nuit brumeuse,
Et enfin vivre pour toujours.
Est-ce ainsi que se réinventent les Hommes
Comme ces pommiers qui mangent leurs vers ?
De leur passé, s’envolent légers
Tendant au bout des bras tendus
Les graines assouvies de leurs revers
Déchirant le blanc du silence sans regret.
Je suis le pommier à vers
Sans se plaindre, il amadoue,
La hache du bûcher, la plie à l’usure.
L’entends-tu ? Le chant du pommier rabougri
Serpentant ses vers dans la grisaille des jours.
Sur la partition, ses notes deviennent cris
Vagissements d’un nouveau-né rémanent
Nu comme un ver au pied du pommier.

Je vous remercie de cette attention si délicate.
Mon infinie gratitude.
Samira🌹
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merci mais vos mots sont sublimes comme vous deviez etre à l’unisson avec Ahmed … c’est un bonheur que de vous lire et de partager vos textes
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