Henri MERLE (hommage) – Maldonne sur la madone, une aventure de Chickago Riffer-extrait

Maldonne sur la madone est le premier opus des aventures du célèbre détective-croque-mort de Lost Angeless Chickago Riffer écrit par notre ami Henri Merle. En ce mois d’hommage à celui qui fut le père du blog, mais aussi un poète, un auteur, un comédien, un chanteur à ses heures bref un artiste complet qui présida pendant près de dix années le cercle des lettres et des arts et qui fut surtout mon ami, mon poto je vous offre a découvrir ou redécouvrir quelques unes de ses œuvres. Pour commencer voici le premier chapitre de la première aventure de son détective Chick Riff !

 » Un style enlevé, avec moult calembours, déployant une grande imagination, une écriture libre, décomplexée, poétique, drolatique, où l’argot est souvent mêlé au langage soutenu. Chickago Riffer, perpétue la lignée des Bob Morane, et autres San Antonio. Conformément à la tradition du roman noir américain, de belles créatures plantureuses tombent inévitablement sous le charme du détective justicier de Lost Angeless (la Cité des Anges perdus).  »

Abribus Editions

Je m’appelle Chickago Riffer. Mais mes amis m’appellent Chick Riff : l’amitié virile ne crée pas de complications, à l’encontre de l’amour que vous prodiguent les souris…Enfin ne généralisons pas…

Mesdames, malgré tout, je vous aime !

Si vous prononcez mon nom complet, en faisant sonner les syllabes, vous entendrez le mot  » aurifère « . essayez pour voir.

Sans doute étais-je destiné à être ce que je suis : un chercheur d’or.

Mais l’or que je cherche n’offre guère de points communs avec le vil métal couronnant les molaires des Grands de ce monde. Métal avec lequel le bolchevik Vladimir Illich Oulianov, plus connu sous le nom de scène de Lénine, rêvait de faire des latrines où eussent joyeusement déféquées les masses prolétariennes au lendemain du grand soir.

Généreux mais vaste programme.

Pardon, je m’égare.

Disons pour conclure cette brève biographie que je suis aventurier à mi-temps : aventurier, je parcours le monde du printemps à l’été, cherchant mon or spirituel.

Mon but est de trouver une nouvelle rivière.

Et pour gagner le foutu steak, j’exerce automne et hiver la profession de croque-mort dans la ville de Lost Angeless.

Lost-Angeless, la cité des Anges Perdus.

Lost-Angeless, la cité du Mal, majuscules non usurpées. Le repaire de tous les truands, rascals, chacals et autres coyotes…On y meurt rarement dans son lit, ou alors d’une rafales de mitraillette. Parfois dans le lit de sa maîtresse, car en ces temps barbares, les maris parfois manquent d’humour.

En vérité, je ne redoute gère le chômage… Bon, voilà, l’aventure va commencer.

Jeudi soir…

Ce vingt-deux septembre, je réintégrais Lost Angeless, après six mois d’aventure, pour reprendre ma profession de croque-macchabées.

La nuit tombait. Un satané brouillard montait du fleuve, faisant un linceul vaporeux aux noyés assassinés, suicidés, plus rarement accidentés flottant à sa surface glauque.

Du boulot en perspective pour les prochains mois.

je m’en revenais fourbu d’un long séjour en Amazonie chez les indiens Los Amoëllos, des êtres primitifs dont la principale occupation consiste à trancher la tête des étrangers, puis à la faire bouillir jusqu’à ce qu’elle se réduise à la grosseurs d’un poing.

Ensuite, ces sauvage ignorant tout du gansta rap, des incendies de bagnoles et des tournantes de banlieue remplacent vos jolis yeux bleus par deux billes en agate.

J’avais néanmoins réussi à me faire adopter par eux, moyennant quelques bouteilles d’eau de feu, culottes Petit Bateau, rasoirs jetables, miroirs et autres babioles.

Et j’avais vécu de fabuleuses amours avec Petit Volcan, la fille du chef.

je ramenais avec moi un peu de nostalgie en écrivant quelques sublimes poèmes d’amour, le reportage en le monnayant âprement auprès d’un journal pas trop véreux : mon compte en banque atteignait le zéro Celsius, et je m’aperçus que le mot Celsius contient une contrepèterie permettant un calembour graveleux, mais je n’avais le coeur à rire, surtout que dès mon entrée dans l’immeuble je me heurtai à Sue Ellen Patouillard, ma concierge nonagénaire. hargneuse, fielleuse, maigre, méchante, bigote.

-Alors, monsieur Riffer vous voici de retour, chuinta la chaste chouette. Pendant votre absence, les huissiers sont passés par deux fois. Vous trouverez certainement leur papier bleu dans la boite aux lettres, ci celle-ci n’a pas été démantibulée par quelques sauvageon !

-Nul sauvageon n’oserait se risquer dans cet immeuble de peur de vous rencontrer ! Vous êtes plus efficace qu’Elliot Ness et toute sa bande d’incorruptibles, Darling, merci d’exister !

J’embrasai la vieille bique sur le front puis réintégrai mes pénates. A peine avais-je mis la clef dans la serrure que le sonnerie de mon téléphone grelotta. Seuls les sots s’imaginent que les sonneries sont semblables.

Aucune sonnerie en vérité ne ressemble à une autre. Et celle-ci retentissait comme un appel au secours…Je décrochai.

-Mon vieux Franck, m’exclamai- je, que deviens-tu ? Nous ne nous sommes pas vus depuis l’époque hercynienne, au moins !

-N’exagérons rien, disons depuis l’époque lutécienne, Chick.

Le commissaire Franck granit est un flic de haute race, au sang plus froid que celui d’un boudin surgelé, mais je sentais sourdre l’inquiétude sous le ton de la plaisanterie. La voix poursuivit :

-Je suis dans la mélasse, Chick. une affaire plus noire que la basalte. Un crime mystérieux. J’ai besoin de tes lumières.

Je sentais comme une faille dans sa voix d’ordinaire si audacieuse.

Le bien avait besoin de moi pour faire mordre au Mal la poussière une fois de plus.

Et Franck m’expliqua la ténébreuse affaire. un frisson, l’un de ces frissons venus d’ailleurs et qui suffisent à justifier nos dérisoires existences, me parcourut : jamais au cours de ma vie d’ Aventurier, certes à mi-temps, mais pourtant tutoyeur des suprêmes sortilèges, je ne m’étais heurté à pareille énigme…

-Tiens bon Franck, j’arrive !

Je me précipitai dans l’escalier. Sue Ellen Patouillard, la bignole, surgit de sa loge comme de son cercueil un vampire garanti cent pour cent des Carpathes.

-Vous n’êtes pourtant pas un vampire, Sue Ellen, réfléchit-je à haute voix, puisque vous sentez fortement l’ail !

-Monsieur Riffer, chuinta la chafouine chétive gardienne d’immeuble, j’ai oublié de vous dire tout à l’heure : lorsque vous fêtâtes avec vos amis, voici six mois, votre départ pour l’Amazonie, vous descendîtes à votre cave quérir quelques bouteilles…Hélas, dipsomane que vous êtes, plus ivre qu’Edgar Allan Poé, Paul Verlaine et Charles Cros réunis, vous oubliâtes d’éteindre l’électricité… car l’alcool éteint l’Homme pour allumer la Bête ! Je n’aimerais point régler la note…

 » Quand nous serons roidis,

couchés dessous la dalle,

Seules les mornes pluies

nous rinceront la dalle… »

…Méditez, Darling, ce superbe distique de mon ami Jean-Paul J*** ! rétorquai-je, et en route vers l’Aventure !

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