Je n’ai retenu aucun mot que ta bouche…Thierry Mathiasin

Je n’ai retenu aucun mot que ta bouche
n’a su déshabiller au vif de ma folie,
ni ne me suis souvenu des pluies que ta main n’a pu faire naître quand basculait le soleil derrière les montagnes exaltées.
Je n’ai nourri aucune promesse que ton ventre n’ait formulée aux débordements du rêve,
ni regardé la mer, imprononçable quand elle n’avait pas la modulation de ton sourire.
Le paysage avait cette odeur de tes veines
quand j’affluais en toi par les rivières que nous avions réinventées à force d’audace,
écrites au nombril de la terre dans le souffle intrépide qui nous saisissait de son poème.
Les oiseaux ne pouvaient exister que parce que nous les avions nommés avec les accents de notre sang, faisant tressaillir la nuit en ellipses infinies et noyant le langage là où
la lune nous contait ses récits de monstres.
Je n’ai ouvert aucun livre que ta peau n’avait déjà feuilleté, ni trempé ma plume dans aucune encre que celle tracée par tes cuisses, poussant toujours plus loin le tremblement de la phrase à son cambrement de rupture.
Je n’ai fait que t’aimer sur les réitérations de l’horizon, la virgule délicate d’un frisson,
le blanc des nuages entre la rive de nos silences, le verbe trépidant de l’écume quand tout restait possible dans l’échancrure d’une saison d’amour.

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