Kin la belle ou Kin tristesse ?

Kinshasa est la ville francophone la plus peuplée au monde devant Paris (Kinshasa compte environ 12 millions d’habitants). Bonne nouvelle ou matière à susciter l’inquiétude, les avis sont contrastés.
L’ironie de cet état de choses est que la ville francophone la plus peuplée va de pair avec une urbanisation sauvage, de constructions anarchiques et de bidonvilles où s’entassent des milliers de familles de migrants internes dans un vaste mouvement d’exode rural.
On construit partout. Sur des rails, dans des marécages, sur des pentes escarpées ou des vallées, dans des cimetières non encore désaffectés. Le drame est que tous ces nouveaux “ propriétaires ” disposent de titres de propriété tout ce qu’il y a d’officiel. La corruption de quelques agents du domaine foncier n’est pas étrangère à l’expansion tentaculaire d’une ville où l’autorité urbaine a démissionné de ses responsabilités. Aux yeux des provinciaux, Kinshasa, c’est l’idéal. C’est la capitale et certainement l’herbe y est plus verte du moins le pense-t-ils.
Dans ce confinement étouffant, ce désordre ambiant fait de pauvreté et de chômage, se nouent des drames au quotidien et au gré des saisons. Chaque orage suivi de vents violents, ou des pluies diluviennes mettent en alerte les habitants des cités dortoirs. Il n’est pas rare en effet que les précipitations s’accompagnent d’inondations catastrophiques et de glissements de terrain qui font des centaines de victimes et d’innombrables sans-abris. Ainsi, les giboulées qui se sont abattues sur la ville dans la nuit du 12 au 13 décembre, ont coupé la route de Matadi et fait de centaine de morts particulièrement dans les communes périphériques.
L’image de la ville défigurée, par les inondations et les vents puissants, est la preuve que l’adage populaire « après la pluie vient le beau temps » est une belle farce, transposée aux réalités kinoises. L’impression qui s’en dégage est qu’il est fait pour se moquer des villes comme Kinshasa qui doivent faire face à d’importants dégâts matériels et humains après chaque forte pluie.
Aux tonnes de déchets qui jonchent les rues, les bouteilles en plastique qui bouchent les voies d’écoulement des eaux submergées, rivières sorties de leurs lits se mêlent les cris de détresse des sinistrés désemparés.
Ces catastrophes récurrentes résultent de la double responsabilité des autorités urbaines d’une part et d’autre part de l’insouciance des habitants qui ne s’embarrassent de jeter leurs immondices sur la voie publique ou dans les caniveaux. A la décharge de celles-ci, la ville ne dispose d’un service structuré d’enlèvement des ordures ménagères ni d’une décharge publique homologuée.

Malgré la campagne de salubrité dénommée “Kin Bopeto” sensée débarrasser la ville de ses déchets et l’ouverture d’une usine de recyclage de bouteilles en plastique, la question reste entière.
Pourtant, dès janvier 2021, le gouverneur de la ville avait bel et bien interdit de jeter les emballages en plastique sur la voie publique. Le temps faisant son oeuvre, et face au manque de fermeté des autorités urbaines et municipales couplé à l’absence d’une politique réaliste du secteur de l’assainissement, la ville baigne dans un laisser-aller fait d’anarchie d’insouciance.
A lire l’article de La libre Afrique sur la nouvelle usine pour traiter le fléau des déchets plastiques à Kinshasa
