Je viens de ce pays au tout près de l’Espagne
Où les monts arrondis ont les pieds dans la mer
J’en ai gardé le chaud et le goût de l’accueil
Il y avait une cour dans la vieille maison
Nous n’avions pas grand chose mais nous le partagions
Dans des fêtes et des rires qui faisaient fi des mots
Il y avait de là-bas le franquisme saignant qui nous jetait du sang
Des femmes et des hommes aux yeux en désespoir et des enfants- enfants
D’autres venus de plus bas d’un autre continent et qui venaient se vendre
On ne disait ni réfugiés ni immigrés on disait hommes
Avec cette fraternité là de ceux qui n’ont plus rien à ceux de pas grand chose
De l’atelier aux champs de l’usine à la route on a les mêmes mots avec d’autres accents
Et les robes tournaient en farandoles folles aux couleurs du soleil
On s’apprenait des mots à chanter l’impossible à boire ou à révolte
Moi j’aimais Mercédés qui me tenait la main et me tirait la langue
C’était temps de refuge et c’était temps d’accueil dans ces jours de garrot et de guerres au sud
Algérie ou Espagne tous les temps étaient lourds mais papa était frère
Et maman apprenait les cuisines d’ailleurs et elle parlait fort
Je viens de là tu vois comme un tronc qui me tient
J’ai tout le sud aux feuilles et l’accueil aux racines
Demain n’est pas pareil et aujourd’hui non plus j’en sais les différences
Mais j’ai gardé en moi juste ce chant de l’homme qui me vient de si loin
Des bords des Pyrénées
