Almanach Vermot 1939 : Textes et Anecdotes

On a bataillé ferme pour obtenir la concession des puits de pétrole. On a bataillé…diplomatiquement mais on a craint, à une certaine époque, de voir le conflit dégénérer en bataille à main armée.

Le roi de l’Irak a inauguré récemment le gigantesque  » pipe-line « qui, tous les ans, conduira 4000000 de tonnes de pétrole depuis le Sud de la Mésopotamie jusqu’aux côtes de la Méditerranée.

Finalement le bon sens et la crainte l’ont emporté sur l’intérêt particulier et L’Iran Pétroléum Compagnie, le groupe Shell et la Companie française des Pétroles, l’Anglo-persian et le groupe américain ont fini par aboutir à une entente.

Ce canal géant, qui court sous la terre pendant 1850 km, n’aurait peut-être pas existé si les administrateurs du Canal de Suez s’étaient montrés plus conciliants. Mais pour le transport du pétrole de l’Irak à la Méditerranée, par le golfe Persique, ils affichèrent des prétentions exagérées.

C’est pourquoi les groupes précités s’entendirent et échappèrent à cette sorte de tutelle par la création du pipe-line, lequel, sans interruption, conduit le pétrole de Kirkuk à Tripoli de Syrie, et de là, à Caïfa en Palestine.

En réalité, pour être plus précis, le tube arrive à Aditha, en traversant l’Euphrate, et se divise alors en deux branches, l’une septentrionale qui rejoint Tripoli par Palyrme et Homs et l’autre méridionale qui rejoint Caïfa par Kubta et Hamman.

L’accord fut conclu en 1925 entre les différents groupes intéressés. On se livra ensuite, pendant dix mois, à une méticuleuse étude géologique des régions où devait être placé le tube.

Après les sondages dans la zone de Kirkuk, sondages permettant de savoir quel débit donneraient les futurs puits, arrivèrent les spécialistes de l’installation.

Sur cette distance considérable de 150 km on disposa une infinité de petits postes et de baraquements destinés à loger le personnel, recruté en grande partie parmi les populations indigènes, et le matériel.

On installa aussi le téléphone et le télégraphe pour relier ces divers postes. De plus des avions furent chargés également d’agents de liaison. On leur adjoignit bientôt de nombreuses auto-chenilles. Les ingénieurs se heurtèrent à de très grosses difficultés. Ce fut tout d’abord pour poser les tubes dans le lit de l’Euphrate, du Tigre, du Jourdain et de l’Oronte, car les ponts faisaient défaut, les barques manquaient de stabilité et de solidité. On se trouva dans l’obligation d’ériger d’énormes pylônes téléphériques pour faciliter les opérations.

Mais, ensuite, où la tâche s’avère en quelque sorte surhumaine, ce fut dans la région volcanique de la Transjordanie. Entre Burqua et Umagimal, c’est à dire sur une distance de 160 km, les travaux furent abandonnés et repris plusieurs fois. On rencontra des bancs de roches si dures que la dynamite avait beaucoup de mal à les entamer.

La question du climat avec la neige et la pluie, l’hiver, un soleil accablant et une chaleur terrible, l’été, contribuait à accroître les difficultés.

Quelques chiffres donneront une idée, assez faible d’ailleurs, de l’importance de l’œuvre entreprise et réalisée.

Pour la conduite principale seulement on a utilisé 123000 tonnes de tubes d’un diamètre variant de 20 à 30 cms. On effectua 175000 soudures autogènes et cela avec une telle perfection , que sur cette quantité 3 soudures seulement furent considérées comme défectueuses.Le téléphérique placé sur l’Euphrate a, à lui seul, transporté en mai 1934, d’une rive à l’autre, 50000 tonnes de matériel. Des milliers et milliers d’ouvriers participaient aux travaux.

S’il faut admirer l’œuvre gigantesque réalisée par les ingénieurs, il faut aussi décerner une mention spéciale au corps médical. On conçoit en effet que la maladie, les fièvres sévissent dans ces régions où l’on enregistre, l’hiver, 15 degrés au-dessous de zéro et l’été 50 au-dessus.

Le dévouement des médecins a été si soutenu, si efficace que sur 7000000 de journées de travail fournies, 30000 seulement furent perdues pour cause de maladie.

En dépit des accidents inévitables, des blessures, foulures, hernies, 130 ouvriers seulement durent abandonner définitivement leur labeur.

jeudi 1 mai 1939

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