LE DEPIAUTEUR DE COLONNES DE THÉÂTRE
Un travailleur noctambule aussi parisien que peu commun, c’est le dépiauteur de colonnes de théâtre « . Il appartient à la corporation des chiffonniers, mais s’exerce son métier que deux fois par semaine, dans la nuit du mercredi au jeudi et du samedi au dimanche. Muni d’une gaule terminée au bout par une forte lame de couteau, il a l’aspect d’un pêcheur à la ligne ou d’un allumeur de réverbère. Arrivé devant une colonne à dépouiller de son manteau d’affiches, il pratique à l’aide de sa perche, une incision de haut en bas dans le papier, puis avec une lame de couteau, il détache cette carapace de la colonne et d’un seul coup vigoureux il la tire à lui. Le dépiauteur charge alors son butin sur une poussette et passe à une nouvelle colonne. Il » pèle » ainsi successivement deux cents colonnes ou contre-colonnes qui servent à l’affichage des programmes de théâtre, et glane en quelques heures un nombre respectable de kilogrammes de papier.
Claude Marsey – 4 decembre 1939

LE CHASSEUR DE CIMETIÈRE
Il y a à Paris un fonctionnaire dont la seule mission est de chasser les lapins. Ce singulier disciple de Saint-Hubert est un industriel qui a passé un marché avec la ville, aux termes duquel il doit exterminer tous les lapins qui infestent certains cimetières parisiens, surtout de banlieue. Seul le cimetière du Père-Lachaise, où ce service d’extermination est assuré par les gardiens eux-mêmes, n’est pas compris dans cette chasse réservée.
Claude Marsey – 8 decembre 1939