Encore un printemps à faire, bon sang d’b’sang, encore un printemps à faire, s’dit l’Bon Dieu du Printemps…
Faire le Printemps c’est trop d’boulot, gré Vingt Dio, car j’suis qu’un vieux Bon Dieu avec un lumbago…
Encore un printemps à faire…ça m’désespère, mais allez go!
Faut repiquer les primevères, que re-picpiquent les pics-verts, que re-nicniquent les purs et les pervers, que z’yeuxz’yeutent les pomm’s de terres, que les marguerites aient la frite…
J’étais plus peinard durant l’hiver: j’avais juste à faire, plumes en cortège choir un peu de blanche neige, s’entrechoquer les nains glaçons dans des boissons-blizzard.
Mais v’là que ça repart: encore un printemps à faire avec des piou-piou de pinsons.
Faudra brosser le hérisson, cirer la coquille du colimaçon, faire péter des milliards de bourgeons, envioletter le gazon…
Encore un printemps à faire, Bon Dieu d’Bon Sang! se dit le Bon Dieu du Printemps…
Tout ça pour des hommes qui n’en ont rien à braire, qui vont s’entre couiquer, encore se faire la guerre pour des histoires de territoires… rouges fontaines de l’Histoire.
Panpan sur le merle moqueur, y’en a plus qu’ pour le saule-pleureur…
C’est le dernier printemps que je vous ponds, mes si durs agneaux, le dernier oeuf plein de coquelicots: la prochaine fois, finie la teuf, je vous ponds un oeuf, un oeuf rouillé et tout en fer : l’oeuf mort de l’éternel hiver.
