Mes souvenirs de Stéphanois – JP Clair – LE SENS DE L’ORIENTATION ( 2 )

La semaine dernière Jean-Paul Clair nous emmenait avec lui visiter L’Ecole Professionnelle, surnommée affectueusement par les élèves  » la Prof « …continuons donc cette visite qui pour bien des stéphanois doit réveiller nombre de souvenirs…

La panoplie des activités proposées était large, et particulièrement variée. C’est ainsi que l’on a pu découvrir la menuiserie, l’ajustage, la chaudronnerie, la fonderie, le tissage, la confection, la cordonnerie. Ce qui était dénommé par ajustage, représentait un enseignement théorique et non approfondi de mécanique. J’y ai appris, maquettes et tableaux à l’appui, le fonctionnement du moteur à explosion. A la fin du stage, nous étions en mesure si l’on peut dire, de lire une cote sur un pied à coulisse. Tous les autres instruments de contrôle nous avaient été présentés. Le nom des machines-outils et leur fonction ne nous étaient plus étrangers.

A la menuiserie j’ai réalisé un objet en bois, mais je ne me souviens plus de quoi il s’agissait. Le bouche à oreille nous avait révélé que notre professeur était meilleur ouvrier de France.

La fonderie consistait à la confection de moules. J’ai découvert l’usage du modèle en bois. Dans des cadres métalliques, on tassait autour de lui une terre noire appelée sable. Quand l’empreinte était réalisée on retirait le gabarit. Le métal en fusion en comblant cet espace reproduisait le modèle à la perfection.

Le métier de modeleur dérivé de la menuiserie assurait la fabrication de ces pièces en bois. Cette activité utilisait des instruments de mesure adaptés, qui auraient été faux pour un tout autre usage, puisqu’ils tenaient compte du retrait du métal fondu en refroidissant.

Un petit seau genre poubelle de table était façonné à la chaudronnerie. Nous travaillions la tôle, ce récipient était en deux partie, une plaque rectangulaire roulée formait la paroi. Le fond était découpé rond et nous martelions le tour pour former un rebord. Le professeur se chargeait de la soudure, et absolument fiers nous pouvions ramener l’objet chez nous.

J’avais déjà une vague idée de tous ces métiers, puisque mon père était artisan en mécanique générale. Pour la suite je découvrais des univers inconnus pour moi.

Le stage de tissage utilisait des pinceaux et la peinture pour remplir des petits carrés de couleurs différentes. Le résultat se matérialisait par un dessin. Ensuite, dans un cadre, nous entrecroisions des lamelles de teintes variées qui symbolisaient les fils, en les passant dessus ou dessous pour former un motif.

De fil en aiguille on se retrouvait chez le tailleur. Là, il fallait apprendre les divers points que l’on reproduisait sur un morceau de tissu posé sur nos genoux. A midi certains avait du mal à rendre leur ouvrage, cousu malencontreusement sur le pantalon. A la fin du stage je savais faire un nœud au bout d’un fil, d’une main entre deux doigts. Les dames doivent comprendre de quoi je parle.

La cordonnerie m’a appris à fabriquer le fil avec plusieurs brins de chanvre que l’on torsadait et enduisait de poix pour les solidariser. Ensuite on cousait avec deux aiguilles, une de chaque côté du morceau à assembler pour réaliser des points croisés sans espace. Chacun pouvait alors amener un objet à remettre en état. En général nos serviettes en cuir avaient droit à une rénovation de leurs coutures. Il faut dire que le même cartable durait toute notre scolarité, et bien souvent il avait déjà assuré le même service pour les parents ou les frères et sœurs. Le mien était en cuir très épais, il avait accompagné ma mère durant ses études. Sa solidité ne faisait aucun doute puisque j’habitais une rue en forte pente et l’hiver il me servait de luge. Nous avions surnommé notre professeur de cordonnerie « Pépé la fraise ». Il avait le nez particulier d’un amateur de jus de la treille fermenté. A intervalles réguliers il nous disait « attendez-moi, je vais au cabinet ». Personne n’était dupe, car il se rendait dans son vestiaire où étaient entreposés ses litres. Dans le même atelier, un autre enseignant formait de futurs cordonniers pour les présenter au C.A.P. Ensuite faute d’élèves, il a été bombardé… professeur d’ajustage !

A suivre …

 Photos Lycée Mimard 1910 -2010

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