1952-Pinay-la-Confiance

La IVe s’enlisait. Déjà république des partis, elle devint celle des paris : combien de temps resterait sur le ring le prochain président du Conseil ? A ce poste, en peu de semaines, deux poids lourds de la politique venaient d’être envoyés au tapis. Prudemment Paul Reynaud en déclina l’offre. Qui donc allait s’aventurer quand les ténors refusaient ? Ce fut Antoine Pinay. Un bon sens, beaucoup moins répandu que le croyait Descartes, et une indéfectible probité au service de l’intérêt général lui valurent l’investiture à l’assemblée nationale.
Dans un pays au bord de la faillite, il engagea un spectaculaire redressement financier. Sans bruit, ni jeu de manches, la méthode Pinay se nourrissait de beaucoup de travail sur le terrain. Elle faisait ses preuves depuis ce jour de 1929 où le tanneur Couramiaud eut, en dehors de son entreprise, à diriger les affaires de sa cité. Il y fut depuis constamment reconduit. En 1936, candidat de l’avant- veille aux législatives, il fut élu sans campagne. La présidence du conseil général lui fournit une autre occasion d’exercer ses dons d’administrateur.
Aussi le chef du gouvernement qui sommeillait en lui sut-il analyser une situation financière catastrophique : il enraya la hausse des prix, par un choc psychologique. De la radio jusqu’aux étalages, » la défense du franc » devint l’expression à la mode, concrétisée partout. Il y ajouta un emprunt fiscalement avantageux, indexé sur l’or. Vincent Auriol s’enthousiasma : » Avec Pinay, j’ai trouvé mon petit Poincaré « .
1953-Un château de sable

» Salut fameux quichoun de pierres, de Sant-Ziève êtes l’ornement « , écrivait en 1842 le chansonnier Bobochi à propos de l’Hôtel de Ville. Ce n’était qu’apparence, car le bâtiment entier révélait de graves défauts. La surélévation et l’installation du chauffage central l’avait récemment confirmé.
Plancher en béton, nouveaux murs et escaliers exigeant des ancrages, on » piqua » les murs. Furent ainsi décelées de sérieuses anomalies : tel » mur se refend » , normalement épais de 50cm, était fait d’un mélange de briques assemblées avec du ciment pauvre. les charpentes de bois, saines de prime abord, étaient devenues pour les vers un Eden. Des poutres effleuraient les murs, au lieu d’y être scellées. La gravité de la situation avait exigé un solide étayage .
Embelli et agrandi, le bâtiment était surélevé au dernier étage de l’aile gauche, ce qui permit d’accueillir de nouveaux bureaux.
Le Dôme, édifié en juin 1958, menaçait la stabilité de l’ensemble, surtout depuis le bombardement du 26 mai 44. Il fallut le démolir. A regret. Tout près de la rue de Paris ( devenue rue Wilson ), il rappelait un peu la capitale avec ses airs de coupole des Invalides.
Aussi le projet d’un autre dôme fut-il mis au concours, ouvert à tous les architectes français. Les plans, au plus tard, devaient être déposés pour Pâques. L’initiative eut beau rester sans lendemain, aucune cloche du campanile ne fila vers Rome. Pas même le Bourdon. La tradition, il est vrai, ne concernait pas les cloches civiles.