CHENEVIERE
Tant que le soleil léchera,
Les coquelicots de tes toits,
Tant que la frange bleue du ciel
Couchera les blés de tes murs ;
Marseille…Massilia…Marseille…
J’accosterai aux quais de tes été
Tant que la mer courtisera
Ton port, où s’amarre le rêve.
Tant que les lèvres du Mistral
Embrasseront la » Bonne Mère » ;
Marseille…Massilia…Marseille…
Du Midi, je ne lèverai pas l’ancre.
Tant que les cales des bateaux,
Te ramèneront leurs voyages.
Tant que l’îlot du château d’If,
Gardera son masque de fer;
Marseille…Massilia…Marseille…
J’ourlerai ma langue de ton accent.
Tant que zélée ta Canebière,
Échancrera ton col d’azur.
Tant que tes vieilles rues marchandes,
Garderont l’odeur de l’exil :
Marseille…Massilia…Marseille…
J’attacherai mes pas sur le chant des cigales.
Exode partenaire de la vague bohème,
Quand l’horizon dessine, au pied de l’oranger
L’or oriental dans sa prière de sable.
Anne-Chantal Berger – Poésie en Stéphanie – 2003

ARDECHE
Entre la neige et l’olivier
sur les monts nus
où paissent les troupeaux
tout un pays sommeille
à l’ombre des légendes.
Les hommes sont courbés
et demeurent sans age
ridés depuis l’éternité
comme si tout à coup
le temps s’était arrété là. 4654815866_06b7f4fbd2.jpg
Ils ont sué leur sang
sur cette terre ingrate
qui conserve l’hiver
bien plus que de raison.
Le bleu du ciel
ssétale dans leurs yeux
comme pour le garder plus longtemps.
Ils parlent langue d’Oc
et savent tant et tant de choses
que j’ai plaisir à les entendre dire
à leur manière et sans façon
la vie qu’ils ont connue
au temps où…
Les gerbes se liaient
gorgées de l’or du monde
où l’on faisiat la fête
tout en levant son verre
avec le violonneux
et ses airs oubliés
où l’on se retrouvait
devant la cheminée
quand la burle indiscrète
se glissait sous les portes.
le feu qui crépitait
le chaudron qui cuisait
les histoires d’autrefois
que chacun racontait.
Le temps s’est endormi
dans le creux de leurs bras
la vie s’en va petit à petit
et dans leur coeur vieilli
comme l’ancienne horloge
les battement vont viennent
suivant le rythme lent
de la terre qui s’endort.