La grand table est dressée
Festins d’agneaux et de vins capiteux
Châtaignes rôties et vins décantés
Le vin et le poison
Petites mies de fromage frais et coulis d’or
Ce n’est pas la Toussaint et c’est même l’été
Pourquoi, sur la dernière planche, le pain des morts?
Les violons tournoient avec la cassella
On entend les talons faire trembler la terre
Un, deux, trois, quatre pas
Les oliviers font danser l’argent dans la lumière
Où sont les mariés?
Contre le mur antique, les rosiers sont fanés
Les violons tournoient avec la cassella
Les invités portent de longs manteaux blancs
On entend les talons fouler la poussière
On voit, au-dessus des montagnes, là-bas
Se noircir de cendres le ciel lentement
Le vent danse dans la lumière
Le marié est pâle
Son regard coule comme une rivière
La rose à sa poitrine jaillit écarlate
Comme une enfant, il la porte dans ses bras
La main de l’épousée pend sur le côté
Sur la grand table, le vin est renversé
Le vin est le poison
Pourquoi plutôt que d’une nappe brodée
L’avoir habillée d’un linceul ?
Le marié traverse le lit du torrent
Elle et lui, depuis la nuit des temps, seuls
Il la mène vers les eaux tranquilles
Il la conduit sur le juste chemin
S’ils traversent les ravins
Ils ne craignent pas la mort
On entend, de loin en loin, la cassella et les violons
D’où sont-ils, d’ici ou d’au-delà?
Ils vont vers les eaux tranquilles
D’une forêt profonde et enchantée
Prendre le bain de l’aube
Entrer dans la rosée
Sous leurs pieds légers, l’herbe est fraîche
Ils se murmurent
Tu es avec moi
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